mercredi 29 octobre 2014

Hommage aux Mauriciennes

Avec ces deux photos, je veux rendre hommage aux Mauriciennes et plus particulièrement à Ranini Cundasawmy. Elle est la multiple championne nationale de muay thaï, de boxe française, de taekwondo, la pionnère du MMA féminin à Maurice, et elle n'hésite pas à venir régulièrement en croche où elle ne peut pas utiliser ses armes favorites (les percussions pieds-poings). Avec sa mentalité de compétitrice, elle a motivé toutes les autres athlètes qui ont étudié son style, préparé des stratégies, se sont petit à petit rapprochées de son niveau et finalement ... Dessica Arsène a été la première à réussir à la battre en croche. Malgré la défaite, Ranini reste une championne. Simplement, maintenant, il y a une deuxième championne de croche à Maurice : Dessica ! Et même une troisième, chez les poids lourds, avec Christabelle Raffin qui s'impose au plan national après s'être déjà imposée lors des championnats de l'océan indien en mai.




Une autre information sur Ranini Cundasawmy (pour mesurer un peu plus son dévouement) : dès le lendemain de son retour des championnats du monde de muay thaï en Malaisie, elle était présente aux championnats de l'océan Indien de croche à Maurice ! Et elle a remporté le titre !

Dimanche 26 octobre, elle participait aux championnats de Maurice de croche ... avant de prendre l'avion le lendemain pour aller en Italie (à Rome) participer aux championnats du monde de boxe française !

Et je n'oublie pas les pionnières en croche, des championnats de l'océan Indien 2012 : Angel Laval, Chevrine LeDésiré et Annelise Théodore qui est toujours présente et prend à chaque fois une place sur les podiums.

lundi 27 octobre 2014

Bilan 2014 pour les crocheurs de Maurice

Voici les noms de tous les médaillés des championnats de Maurice 2014 ainsi que ceux des Mauriciens ayant réussi à atteindre les demi-finales des championnats de l'océan Indien, en mai 2014.
Je les ai répartis selon les dix catégories de poids qu'on utilise désormais en croche, avec une tolérance de 1kg.
Les noms des champions sont écrits en majuscules.

Messieurs
Plus de 100 kg
CHRISTOPHE CHUNGSINHEE (ju-jitsu, 1er M, à 119 kg)
Jean-François Begue (judo, 2ème OI, à112 kg)
Keshav Siboo (lutte, 3ème OI, à 110 kg)

Jusqu'à 100 kg
Samuel Cécile (grappling, 2ème OI, à 95 kg)

Jusqu'à 92 kg 
Jeff Ravina (lutte, 3ème ch. OI, à 84kg, puis 2ème M, à 89 kg)
Jeremy Lim (grappling, 3ème M, à 91 kg)
Jean-Paul Colette (aïkido, 3ème OI, à 89 kg)

Jusqu'à 84 kg
JONATHAN CHARLOT (judo, 1er ch. OI, à 80 kg)

Jusqu'à 77 kg
HANS JOGOO (ju-jitsu, 1er M, à 75 kg)
John Nanon (judo, 3ème OI, à 76 kg)

Jusqu'à 71 kg
GILBERT EMILIE (lutte, 1er OI, à 72 kg)
DIDIER AMEER (grappling, 1er M, à 70 kg)
Samuel Sauleek (grappling, 3ème M, à 68 kg)
Alex Bissessur (ju-jitsu, 4ème OI, à 70 kg)

Jusqu'à 65 kg
GUYLIANE BANDOU (lutte, 1er M, à 62 kg)
Pascal Laurent (judo, 2ème OI, à 65 kg)
Jason Koonjul (grappling, 2ème M, à 62 kg)
Didier Bousoula (grappling, 3ème M, à 63 kg)
Rayan Proag (ju-jitsu, 4ème OI, à 60-67 kg) 

Jusqu'à 59 kg
EMMANUEL DOOKHIT (lutte, 1er OI, à 57 kg)
Eddy Oraganon (lutte, 3ème OI, à 57 kg)
Jacques Fabien (lutte, 4ème OI, à 56 kg)

Jusqu'à 54 kg
YUDISH SOOKHOO (grappling, 1er M, à 54 kg)
Johan Comolle (lutte, 2ème OI, à 55 kg)
Niraj Jugmohansingh (grappling, 2ème M, à 54-55 kg)
Cédric Couyava (grappling, 3ème M, à 54-55 kg)

Jusqu'à 50 kg

...

Dames
Plus de 77 kg

Jusqu'à 77 kg
Charlotte Dumatin (lutte, 3ème OI, à 74kg, 2ème M, à 75 kg)

Jusqu'à 71 kg
CHRISTABELLE RAFFIN (lutte, 1ère OI, à 71 kg, 1ère M, à 67 kg)
Aurore Lenette (muay thaï, 2ème OI, à 70 kg)

Jusqu'à 65 kg
...

Jusqu'à 59 kg
... 

Jusqu'à 54 kg
CAROLINE LISETTE (lutte, 1ère OI, à 55 kg)
Elodie Zoé (lutte, 3ème OI, à 52 kg) 

Jusqu'à 50 kg
Annelise Théodore (lutte, 2ème OI, à 48 kg, 3ème M, à 50 kg)
Nivesha Brambodary (grappling, 2ème OI, à 50 kg)

Jusqu'à 46 kg
RANINI CUNDASAWMY (muay thaï, 1ère OI, à 47 kg, 2ème M, à 47kg)
DESSICA ARSENE (grappling, 3ème OI, à 46 kg, 1ère M, à 46 kg)

Jusqu'à 42 kg
...

Jusqu'à 38 kg
...

dimanche 26 octobre 2014

Championnats de Maurice de croche 2014

Une trentaine de compétitrices et de compétiteurs issus de quatre sports différents (lutte, grappling, ju-jitsu et muay thaï) se sont réunis aujourd’hui, dimanche 26 octobre 2014, pour l’édition 2014 des championnats de Maurice de croche. Cette rencontre, placée sous l’égide de la Mauritius Wrestling and Allied Games Association, présidée par Richard Papie, a eu lieu au Centre national de lutte, complexe sportif Pandit Sahadeo, de Vacoas.

Dans la catégorie des « jusqu’à 50kg », la multi-championne de Maurice en boxe française savate, muay thaï, taekwondo, MMA et croche, Ranini Cundasawmy avait répondu présente à l’appel malgré son départ imminent pour les championnats du monde de boxe française qui vont se dérouler dans quelques jours à Rome. Mais on a assisté à une surprise ! Dessica Arsène, du grappling, a réussi à s’imposer sur la plus petite des marges (1 à 0) puis a confirmé contre la lutteuse Annelise Théodore (qui viendra compléter le podium) pour emporter la médaille d’or et le « cash price » offert au gagnant de chaque catégorie.

Dans la catégorie « jusqu’à 77 kg », Christabelle Raffin a confirmé sa domination nationale et indianocéanique sur la catégorie des femmes fortes face à une autre lutteuse : Charlotte Dumatin.

Chez les messieurs, cinq concurrents se sont affrontés dans la catégorie des « jusqu’à 59kg ». Le podium a été trusté par des pratiquants de grappling avec Yudish Sookhoo (54 kg), s’emparant de la médaille d’or, devant Niraj Jugmohansingh (55kg) et Cédric Couyava (55kg).

La catégorie la plus fournie fut celle des messieurs « jusqu’à 65 kg » avec dix engagés. En demi-finale, Jason Koonjul, du grappling, s’imposa de façon expéditive face au ju-jitsuka Christopher Poule (en préparation pour une prochaine échéance internationale) tandis que le lutteur Guyliane Bandou accumulait des points dans l’autre demi-finale tout en se méfiant des techniques de soumission du très efficace grappler Didier Bousoula. La finale entre Jason Koonjul et Guyliane Bandou fut extrêmement serrée, pendant tout le temps règlementaire (5 minutes). C’’est finalement en prolongation, au « point décisif », et après vérification de la vidéo, que le corps arbitral (sous la présidence d’Ally Hossanee, arbitre international de lutte olympique) désigna le vainqueur : Guyliane Bandou.

Dans la catégorie des poids moyens (combinant pour l’occasion des compétiteurs issus des « jusqu’à 84kg », « jusqu’à 77kg » et « jusqu’à 71kg»), c’est le ju-jitsuka Hans Jogoo qui devança de la plus petite des marges le grappler expérimenté Didier Ameer ; le jeune grappler Samuel Sauleek complétant le podium.

Enfin, chez les hommes forts (de 89 à 119 kg), c’est le colosse du ju-jitsu Christophe Chungsinhee qui a devancé le lutteur Jeff Ravina ; le grappler Jeremy Lim venant compléter le podium.

Il faut également saluer plusieurs performances  individuelles :
  • -          Les victoires expéditives réussies par Niraj Jugmohansing (en 31 secondes), Jason Koonjul (en 32 secondes), Hans Jogoo (en 33 secondes), Christophe Chungsinhee (en 32 secondes) ; la palme revenant à Didier Ameer (victorieux d’un de ses combats en 24 secondes !)
  • -          Les victoires par « supériorité technique » (c’est-à-dire avec un écart de 10 points, soit dix projections ou immobilisations de plus que son adversaire réalisées avant la fin du temps règlementaire) : Boolaky Birju (victoire 10 à 0 en 3’36’’) et Hans Jogoo (victoire 10 à 0 en 2’11’’ … à 3 secondes du record de l’océan Indien détenu par Thariq Kumeeran, un autre ju-jitsuka !).
  • -          Et les projections de grande amplitude, spectaculaires et à ce titre récompensée par 2 points au lieu d’1. Il y en eut seulement 5 durant toute la compétition (en une quarantaine de combats) : une fut réussie par le lutteur Jeff Ravina et les quatre autres par Guyliane Bandou (lutteur mauricien de 19 ans, membre du centre de haut-niveau situé à Thiès au Sénégal, qui prépare là-bas les … Jeux Olympiques 2016).


Au classement des équipes, ce sont les grapplers d’Avinash Ramtohul qui remportent la coupe des champions devant les lutteurs d’Antonio Deux-Novembre et les ju-jitsukas de Nuvin Proag.



Tous les médaillés individuels de ces championnats de Maurice de croche 2014 sont désormais présélectionnés pour les Jeux des Îles de l’Océan Indien 2015. Tout au long de la saison, d’autres rencontres de croche permettront de compléter ou préciser la sélection mauricienne qui ira défendre le drapeau quadricolore au mois d’août 2015 sur l’île de la Réunion. La délégation sera  accueillie par la Ligue de Croche et Disciplines Associées, présidée par  Jérôme Sanchez, qui a d’ailleurs contribué à l’arbitrage des combats tout au long de la compétition d’aujourd’hui. 

dimanche 12 octobre 2014

La Ligue de Croche s'agrandit et devient la "Ligue de Croche et Disciplines Associées"

Notre sport "la croche", dit de culture régionale, est à la base un jeu "lontan" parmi d'autres, et un élément culturel parmi d'autres. Sa présence est attestée sur l'île de la Réunion depuis au moins le XIXème siècle. Depuis 2006, la croche est devenue un sport moderne puis, à partir de 2012, un sport à dimension indianocéanique, internationale.


La croche 1900
La croche 2014/15

Durant cette saison 2014/15, la croche est partenaire d'un autre sport international : la canne de combat (sous l'égide du Comité Régional de Canne de Combat et de Bâton Réunionnais) ; elle aussi implantée sur l'île de la Réunion depuis plus d'un siècle. C'est d'ailleurs sur l'île de la Réunion que la canne de combat a connu ses premiers championnats du monde, en 2004 ... avec (déjà) la croche en sport de démonstration.


La canne de combat/bâton réunionnais 1900
 
La canne de combat 2014/15

En nommant notre association sportive et culturelle "Ligue de Croche et Disciplines Associées", nous exprimons notre volonté d'ouverture :
- tant sur le plan culturel, en montrant notre volonté de nous approcher des musiciens traditionnels (voir pages 43 et 44 du livre "La croche, lutte traditionnelle réunionnaise", éditions Azalées, 2006),
- que sur le plan ludique et sportif, en créant des relations avec des pratiquants d'autres jeux "lontan" qui sont recensés et  décrits (liste non exhaustive) pages 42, 43 et 48 du livre "La croche, lutte traditionnelle réunionnaise" (des jeux pas forcément sportifs d'ailleurs).

Extraits du livre : (téléchargeable à l'adresse : http://www.fila-official.com/images/FILA/livres/LTAF05/LTAF05.pdf )

Pages 43-44 : Parallèle entre la croche et la musique traditionnelle

Un de nos doyens, Mr Adrien Duriés (88 ans) fit le premier un parallèle entre « La Croche » et la musique. « La Croche était une activité de distraction, comme on joue de la musique ». A son époque (milieu des années 30), pour quelques familles, l'une des seules distractions était d'ailleurs déjouer du Maloya (musique créole d'origine africaine utilisant divers instruments tels que le « kayamb »(grand hochet en roseau), le « rouleur »(gros tambour à main) ou le « bob »(arc musical). Mr Jean-Pierre Joséphine, musicien, chercheur (sur les musiques de l'océan Indien) ... et ancien « crocheur » aujourd'hui âgé de 42 ans, nous a lui aussi apporté sa contribution. 
Voici son analyse. 

Le Maloya est, comme le Moringue, d'origine afro-malgache et donc pratiqué par une population de type « cafre » ou « malgache » (ce qui de nos jours est moins ciblé au niveau de l'origine ethnique des pratiquants de par le métissage et l'évolution socio-culturelle du peuple réunionnais). Le Séga, comme « La Croche » est avant tout le métissage (blanc, noir, malbar.). Cette fusion musicale est née de la rencontre entre un apport principalement rythmique afro-malgache et un apport mélodico-harmonique européen. Ces deux musiques ont un ancêtre commun : le « tséga » ou « tchéga ». Au niveau instrumental : - D'un côté, le Maloya est resté proche du tronc originel avec des percussions d'Afrique de l'Est et de Madagascar, voire de l'Inde (sati, « tambours malbars »). - De l'autre, le Séga s'est mélangé. Les accords, les mélodies, les instruments des « tits créoles » (comme le banjo, le violon, l'accordéon) issus de l'Europe sont venus rejoindre les rythmes de l'Afrique et de l'Inde. Compte tenu de cela, « La Croche » représente un symbole pour la Réunion car elle en est, entre autres, le reflet : celui du métissage de tous les peuples, au même titre que sa musique (et du Séga en particulier).

Pages 42-43 : Parallèle entre la croche et les jeux "lontan"

Plusieurs jeux anciens ont été décrits, dont certains ignorés par des réunionnais quadragénaires des familles même de nos témoins : 
-  « le maire » a continué, 
- « cachette » a disparu, 
- « toupie » a disparu ... quoiqu'il soit en regain de mode mais avec toutes sortes de gadgets électroniques bien loin de la toupie d'antan ! 
- « cadok » (sorte de jeu d'osselets avec des graines de « cadok »), 
- « vavangue » (ou « zagat ») « comme la pétanque mais à trois trous », 
- « 'bite » : jeter une première pièce autour du trou, si dedans, on ramasse, 
- « macatia » : empiler des pièces, (aussi un petit pain local de boulangerie) 
- « jeu la roue » qui a traversé le temps avec les produits de récupération successifs : avec un bâton pour jouer au cerceau s'il s'agit d'une roue de vélo ou deux bâtons s'il s'agit d'un pneu de voiture, 
- « le couru » (ou « délivrer ») jeu physique de délivrance de camarades 
- etc. 

Quelques exemples ont été détaillés. 

 Dans « le couru » deux équipes s'opposent. L'une doit capturer des proies, l'autre se sauver et délivrer ses membres quand ils sont capturés. Pour capturer une proie, il faut la ceinturer (debout) et compter à haute voix (ou en tapant sur le corps avec le plat de la main) : « 1, 2, 3 ! ». Pour délivrer son camarade, retenu dans une aire définie (un rond dessiné), il suffit de lui toucher la main. Au bout d'un temps donné, on compte combien les attaquants ont fait de prisonniers puis on change de rôle. L'équipe gagnante sera celle qui aura totalisé le plus de prisonniers. 


 Le « jeu zagat » peut être apparenté aux jeux de boules (pétanque, lyonnaise, etc.). Jadis, on lançait le fruit de goyave vert dur à deux mains jointes soit avec l'intérieur de la main (« la viande ») soit avec le dessus (« le zo », c'est- à-dire l'os). Il y avait trois trous alignés, cibles de ces lancers. C'était un jeu de précision. 


 Si nous voulons conserver le lien social et lutter contre certains méfaits du modernisme qui conduisent aux incivilités et à la violence, il est sans doute urgent de revaloriser ces jeux traditionnels qui liaient les enfants et les adolescents aux valeurs ancestrales. « La Croche » s'intègre tout à fait dans cette mission.


Page 48 : Disciplines hybrides

Mr Duriés (natif de Saint-Pierre puis arrivé à Savannah en 1936-37, « crocheur » de 1925 à 1940, soit de 10 à 25 ans) nous a décrit plusieurs versions des «jeux » ou plutôt rudes sports d'opposition à la Réunion : 

- sans coup de poing (de la lutte pure, debout et au sol, c'est-à-dire la Croche) 
- avec « des épaulettes ». Il s'agissait de « branchettes posées sur les épaules. Si on l'attrape, on va à terre. ». En définitive, c'est une forme de lutte avec frappes mais où le coup n'est pas porté sur le visage mais sur une cible symbolique). Selon d'autres sources, « les épaulettes, c'était de la bagarre, pas La Croche ».
- et avec coups de poings [et de pieds, etc.] (de la lutte avec frappes).

Combat poings-pieds au Port 1900

J'irai tirer près de chez vous

la canne fait son festival !

 le 1er épisode de notre série :

 J’irai tirer près de chez vous - Le Nivôse



Consulter le reportage du making of : 

Sakikane tour