mardi 11 août 2015
¨« courrier des lecteurs » / Le Quotidien du 8 août 2015 - Jeux des Iles : quelle évolution demain ?
Ouf diront
certains, les Jeux sont terminés. « On a fait ce que l’on a pu », ou
encore « on a fait notre boulot ». D’autres crieront: « on a gagné ! ».
OK, mais demain ? Faire en sorte que les jeunes sportifs de la zone
« Océan Indien » se rencontrent est forcément une bonne chose.
L’isolement des îles, des déplacements difficiles, le manque de compétitions
internationales suffisent à justifier l’existence de rencontres sportives tous
les quatre ans. Mais cette situation ne doit pas pour autant faire passer au
second plan certaines réalités qui, si elles ne sont pas prises en
considération, freineront ou feront disparaître ce type d’événement. A partir
de là, voici quelques points de repère
qu’il faudra inéluctablement prendre en compte pour préparer au mieux
l’avenir de ces Jeux :
1°/
Politiquement, les Comores revendiqueront toujours l’île de Mayotte en ayant le
soutien de l’Union Africaine et donc des Seychelles, de Madagascar et de
Maurice.
2°/ Dans la
foulée de ces Jeux, comme pour Mayotte, Rodrigues va commencer à frapper à la
porte pour pouvoir participer pleinement en tant qu’île. Les jeux de la CJSOI
sont d’ores et déjà en point de mire.
3°/ Sur le
plan socio-économique, il existe un décalage parfois énorme entre les
différentes îles entraînant pour certaines disciplines sportives un manque
total d’infrastructures sportives, l’absence d’équipements ou de matériels
sophistiqués suivant les sports, un nombre restreint de cadres compétents pour
détecter, former, préparer la jeune élite locale.
4°/ L’Océan Indien se veut une zone pleinement
touristique du monde, eu égard à sa géographie, ses plages, son climat et
seules deux îles profitent vraiment de la donne.
Ce simple
constat devrait amener les décideurs, responsables de la mise en œuvre d’une
telle manifestation, à réfléchir sur l’avenir de ces Jeux, non pas en cherchant
à copier les Jeux Olympiques et en voulant tirer la couverture à soi, mais en
regardant de près la spécificité de chaque île
tout en se projetant sur ce que pourrait être ce genre d’opération au
service de la jeunesse de nos îles, en relation avec la coopération régionale
sur le plan sportif, mais aussi sur le plan économique, touristique et
culturel. Cette vision supposerait alors de remettre en question ses propres à
priori quant à la pratique sportive d’aujourd’hui et d’oser ainsi s’aventurer
sur un terrain diplomatico-imaginaire pour que demain, chaque île y trouve son
compte.Ayant eu l’occasion de travailler sur le plan sportif aux Seychelles, à
Maurice, à Madagascar, aux Comores, à Rodrigues et à la Réunion, ayant vécu de
près les Jeux Olympiques, les Jeux de la Francophonie, les Jeux des Iles, il
serait sage que toutes les expertises présentes dans la zone puissent
s’exprimer, faire des propositions afin d’éviter demain d’autres
« couacs » (voire la
disparition de ces Jeux) et d’asseoir
plutôt dans un avenir proche une stratégie originale propre à notre région
indiaocéanique, pour valoriser concrètement notre potentiel en général et notre
jeunesse en particulier.
Frédéric Rubio
/ expert sportif
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